25 novembre à 19h à la salle du Conseil (12, rue Hôtel-de-Ville) | PRÉSENTATION ÉTUDE RÉFECTION DES TROTTOIRS (St-Joseph et Ste-Marie)
« À tous ceux qui, pour quelque raison que ce soit, seraient intéressés par les présentes : SALUTATIONS.
Par ces lettres patentes, faites sous le grand sceau de notre province du Bas-Canada, étant en devoir à notre Château de Saint-Louis dans notre ville de Québec, dans notre dite province le vingt-troisième jour de janvier de l'an de Notre-Seigneur Jésus-Christ mille huit cent quatre.
Nous avons par notre grâce très spéciale, en connaissance de cause et de notre bon vouloir, créé, érigé et constitué une certaine étendue de terrain se trouvant et étant située dans notre district de Trois-Rivières dans notre dite province et particulièrement décrit dans notre dite lettres patentes comme un canton, pour à partir d'aujourd'hui continuer et demeurer un canton, et toujours et à jamais être connu et distingué sous le nom de TINGWICK. »
Signé : Georges III par la Grâce de Dieu Roi du Royaume-Uni
de Grande-Bretagne et de l'Irlande, Défenseur de la foi
Ces quelques lignes sont tirées de lettres patentes concernant un don de 4657 acres de terre dans le canton de Tingwick, à l'honorable François Baby, membre du conseil exécutif et législatif de la province.
Ces terres faisaient partie d'un don plus substantiel de 12 000 acres de terre, accordés à l'honorable Baby pour services rendus à la couronne, en particulier son action comme major de milice, lors du siège de Québec par les Américains en 1775 et 1776.
La famille Baby demeura propriétaire durant 32 ans d'environ 10 % du territoire du canton de Tingwick. Ce fut Joseph Baby, écuyer, notaire public résident de Montréal, fils de François et de dame Marie-Anne Tarrieux de Lanaudière, qui en 1850 se départit de ses terres au profit des sieurs Georges Desbarats Écuyer et Joseph Guillaume Barthe Écuyer, avocat greffier des appels, tous deux résidents de Montréal.
Pour avoir pu conserver ces terres pendant de si nombreuses années, considérant les conditions rattachées à ce don dans les lettres patentes, il ne fait aucun doute que les Baby ont dû, pour conserver leur propriété, jouer un rôle prépondérant dans la colonisation du canton de Tingwick. Leurs obligations ne se limitaient pas seulement à l'établissement de familles de colons sur leurs terres, mais ils devaient aussi faire en sorte qu'il y ait sept acres de terres par cent acres de défrichés et en culture dans les sept premières années. De plus, soulignons ici que cette famille canadienne-française, très catholique, s'engageait à coloniser un territoire loyaliste avec des colons anglophones très protestants. Se replaçant dans le contexte du temps, en 1818, avec les moyens et les conditions existants à l'époque, ce n'était certes pas une mince tâche.
Cependant, lorsque l'on prend connaissance de la collection d'archives Baby, léguée à l'Université de Montréal par François-Louis-Georges Baby, avocat éminent, ministre dans le cabinet Macdonald et juge de la cour supérieure, on ne s'étonne plus de rien. Dans cette collection, le plus considérable recueil individuel connu, on compte plus de 20 000 pièces, se rattachant à presque tous les domaines de l'histoire du Canada de 1602 à 1905. Il est évident que cette famille disposait de moyens et de capacités peu communs, qui dépassent l'imagination.
De savoir que cette famille canadienne-française de précurseurs, qui a marqué son époque, a certainement joué un rôle très important et contribué d'une certaine façon, pour ne pas dire d'une façon certaine, à l'aube de Tingwick, ne peut que soulever chez nous un sentiment de fierté; d'autant plus que le territoire dont ils assumaient la responsabilité faisait partie d'un cadeau royal.
S'inspirant de leur devise " Au camp Valeur, au champ Labeur ", les familles qui leur ont succédé n'ont rien à envier à leurs prédécesseurs.
Source : Tingwick, 125 ans... tant de souvenances !, 1987, texte de René Lavallée, p. 11-13.